Cher Noé, cher Jonas (2)

Cher Noé, cher Jonas

5e jour de confinement. Je sais, c’est shabbat, vous lirez sûrement ce message ce soir, à la tombée de la nuit. La journée d’hier s’est bien passée. Il est quand même tout à fait étonnant de voir comment notre pensée va de bulle en bulle. On se concentre sur quelque chose, un livre, un truc à peindre, une étagère à ranger, un plat à cuisiner et tout d’un coup, plus de confinement. Pendant quelques minutes, tout notre esprit est centré sur l’activité, notre vie est normale, le contexte dans lequel nous sommes n’existe plus. Il n’y a plus de peur, plus de grandes idées à avoir sur la situation, plus à anticiper l’avenir. Nous sommes juste présents, pleinement là. Et puis, à un moment on finit, la bulle éclate et on se retrouve confiné !
J’ai repensé dans la journée à la liberté dont je vous ai parlé hier. En fait, ce qui est étonnant, c’est de découvrir tant de liberté dans un si petit espace. A la fois, tant de choses possibles à faire entre quatre murs mais aussi tant de liberté à découvrir en soi. Est-ce que ce ne serait pas cela la définition d’un être humain ? Une liberté immense dans un si petit espace ? Il faut dire que ça, c’est un vrai sujet biblique. Vos collègues n’arrêtent pas sur la question. C’est peut-être même la question de ce livre : qu’est-ce que l’être humain ? Adam, en hébreu. Adam tiré de adamah, la terre. Adam est un terreux. En français aussi, l’humain c’est de l’humus. Bizarre que pour que Adam recommence quelque chose, il faut l’envoyer dans un milieu qui n’est pas le sien, l’eau, protégé par quelques parois appelés arche ou poisson. Et Adam, le terreux se met à flotter. Il flotte et quand il sort, il commence une autre vie. Ok. J’ai compris ! Si le confinement est une matrice, cela va sûrement prendre plus de temps que prévu. Précisons quand même qu’ Adam c’est l’être humain, avant la distinction homme-femme. Adam, c’est donc chacun d’entre nous. En hébreu, quand on prend les lettres d’Adam et qu’on les mélange, cela donne Méod, qui veut dire beaucoup, très, plus. L’être humain est plus que lui-même, il faut qu’il se le mette dans la tête. Il est au-delà de l’image étriquée qu’il a ou qu’il donne de lui. Certains commentateurs disent que c’est l’explication au verset de Genèse qui raconte que « Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance ». L’image, tout être humain la possède. Quel que soit son âge, ses actions, son état de santé, la série qu’il regarde. Quoiqu’on fasse, personne ne peut nous l’enlever. La ressemblance…c’est en option. Cela ne se fait pas sans nous, sans notre participation, notre choix, notre envie d’y aller. Voilà au moins, un endroit où il est possible d’aller…
J’arrête là pour aujourd’hui.
See you
Marie-Laure

Comments Closed