Cher Noé, cher Jonas (4)

Cher Noé, cher Jonas,

J7. Aujourd’hui cela fait une semaine. Le temps qu’il faut pour expérimenter chacun des jours de la semaine. Une révolution. A partir de demain, nous commencerons à approfondir notre mise à l’écart. Et c’est vrai que nous avons commencé à apprendre pas mal de choses que nous avions un peu oubliées mais que nous avions apprises étant enfant. On a appris à bien se laver les mains, à mettre des masques sur nos visages, à sortir en ayant une permission, à regarder le monde par la fenêtre, à rêver de ce que nous aimerions faire plus tard, à faire la liste de ce qui nous manque. Voir notre famille, se promener à la plage, faire du vélo ou être en forme demain sont passés en quelques jours en tête de la liste de nos désirs. Ce que nous souhaitons commence à se simplifier. Nous vivons un temps où nous nous remettons à nous ennuyer, rêver, jouer, avoir peur du lendemain, faire attention aux visages des autres. Collectivement, enfermés dedans, nous expérimentons une posture réservée aux enfants et parfois c’est plutôt sympa…Et puis l’instant d’après. Révolte. Rien ne va plus. La situation est insupportable, nous étouffons, nous sommes en colère, nous n’allons pas y arriver. Pas si simple de demander à des adultes de retourner en enfance, de demander des autorisations de sortie du territoire, de voir la vie se dérouler sous leurs yeux sans participer. C’était quand la dernière fois que l’on nous a demandé de rester chez nous et de ne rien faire ?
Aujourd’hui lundi, c’est la fin d’un monde. Demain, mardi, c’est le début d’un nouveau. Cher Noé, cher Jonas, vous êtes bien placés pour savoir que recommencer ou commencer à neuf n’est pas simple. Recréer le monde après le déluge ou aller parler à Ninive après être sorti du poisson, cela requiert quelque chose de profondément enfoui chez la personne. Cela demande d’être un peu pressuré ! Les informations angoissantes venues de l’extérieur n’aident pas. Croyez-moi, estimez vous heureux de ne pas avoir eu la télé !
Je vous embrasse
Marie-Laure

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