Cher Noé, cher Jonas (8)

Cher Noé, cher Jonas

Retour du Shabbat. Shabbat shalom ! Pour vous, deuxième shabbat de ce temps de confinement. Le terme de shabbat est d’ailleurs très à propos aujourd’hui. Shabbat, cela signifie s’arrêter, cesser, interrompre, stopper l’activité, la transformation du monde. C’est exactement ce que fait une énorme partie de l’humanité en ce moment. Nous menions nos vies à toute allure, nous nous agitions dans tous les sens, nous jetions nos vies par la fenêtre quand quelque chose de petit et d’invisible est devenu central dans nos vies. Quelque chose de petit et d’invisible nous a arrêtés. Nous avons laissé en plan tout ce qui était urgent, indispensable, incontournable, nos démarches pro-actives, nos budgets prévisionnels, nos réunions hebdomadaires mais aussi nos querelles, nos rancoeurs, nos jalousies, nos campagnes, nos réformes sur la retraite ou le système de santé, l’avant-première du dernier film, le week-end en 8, les business plan et la réservation pour les vacances de Pâques et nous sommes rentrés à la maison. Depuis nous regardons le monde par la fenêtre en observant avec curiosité quand un être humain passe devant. Ce qui était urgent ne l’est plus. Ce qui était impossible devient envisageable. Ce minuscule virus a réussi ce qu’aucune idée avant lui n’était parvenu à faire. Ce virus nous a remis à notre place. Oui, c’est cela. On s’est fait remettre à notre place ! Et par un virus en plus ! On fait les malins, on croit que le monde est à nous, on pille tout ce qu’on trouve, on est les rois du monde et du pétrole, on rigole du futur et des degrés en plus et, un matin, on se réveille avec interdiction de sortie. Pour quelques semaines. Avec le recul de l’histoire, ce temps sera peut-être considéré comme le moment de la prise de conscience. Ce moment historique où la vie est devenue plus importante que l’économie.
L’humain est plus que lui-même mais il a la capacité d’être mis à terre par un virus, ou un déluge ou par quelques marins qui décident que vous êtes de trop à bord d’un bateau…Il reste à expérimenter ce que c’est que d’être à sa place, bien vivant, dans un monde qui n’est pas parfait mais qui est sur-mesure pour nous. Quelques semaines pour prendre toute sa place, rien que sa place.
Je vous embrasse,
Marie-Laure

P.S : Des nouvelles de Qohélet ?

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