Cher Noé, cher Jonas (10)

Cher Noé, cher Jonas,

Un lundi au soleil…Le confinement a été prolongé ! La dessus nous voilà dans le même bateau que vous, sans avoir une date précise pour la fin de notre aventure. Ce flou rajoute quelque chose de singulier à ce que nous vivons. Cela nous met dans l’impossibilité d’anticiper, de s’appuyer sur une date limite, de pouvoir faire un compte à rebours, d’ouvrir notre agenda pour inscrire des événements rassurants. Non. Notre salut ne viendra pas de la maîtrise de notre agenda. Dans ces conditions, il n’est pas possible non plus de faire une crise de milieu de confinement, ce moment où le plus dur est toujours au milieu du séjour. Non, cela ne nous sera pas donné. Quand nous découvrirons la date de notre sortie, nous aurons passé la moitié de notre séjour dans notre arche personnelle. Tout est donc bien bouleversé dans cette crise. Pour tenir, nous devrions inventer une autre façon de compter le temps qui ne serait pas le décompte des jours ou des semaines, faites ou à faire. Il faudrait peut-être compter le temps en nombre de gâteaux au chocolat ou en vélos qui passent dans la rue. Comme les petits que nous sommes en train d’apprendre à redevenir. Pendant qu’on se stresse aux infos, eux, ils s’amusent et ils font confiance. La confiance est le vrai cadran du décompte. Dans le déluge ou sous l’eau, il est invraisemblable d’avoir de l’espoir. L’eau montait jour après jour et allait tout engloutir. Pourtant toi Noé et ta famille avez vécu confinés dans une arche construite par vous-mêmes. Vous n’êtes pas morts de peur. Vous avez cru que cela se terminerait. Et un jour, l’eau a commencé à descendre et l’arche s’est rapprochée du sol. Cela nous arrivera à nous aussi. Un jour, bientôt, l’eau commencera à descendre. La confiance c’est comme une arche. Cela se construit.
À très bientôt
Marie-Laure

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