Cher Noé, cher Jonas (15),

Cher Noé, cher Jonas,

Shabbat shalom. J’espère que vous allez bien. J’aimerais savoir ce que vous pensez de nous, de nos gesticulations, de nos impatiences. Le virus a eu le mérite de rendre visible l’invisible ce qui est rare à un niveau personnel et qui l’est encore plus à un niveau collectif. Il a rendu visibles nos dysfonctionnements, nos faiblesses collectives et personnelles, nos points forts. Le virus a rendu visibles les caissières, les infirmières, les éboueurs, le travail et la patience des profs et toutes ces personnes qui font tout pour nous maintenir à flot. Il a rendu visibles les oiseaux qui nous entourent, les insectes, le ciel, l’arbre planté en face de notre bureau, l’importance de ce souffle qui traverse notre corps seconde après seconde. Le virus a rendu visible notre fatigue, nos colères, le manque de connaissance des personnes avec qui nous vivons. Il a rendu visibles nos faiblesses morales, notre rôle de spectateur dans le domaine spirituel, notre manque d’autonomie, nos addictions, notre manque de maturité relationnelle. Le virus a rendu visible l’invisible et toutes les qualités discrètes qui sont devenues vitales pour que la cohabitation se passe bien. Il a rendu visibles nos solidarités, notre créativité, la générosité de tous ceux qui partagent quelque chose.
Un virus invisible est venu recolorier notre monde, mettre du relief, effacer l’épaisseur de certains traits, rajouter des dimensions à notre vie et rendre visible tout ce qui était transparent à nos propres yeux. Il a rendu visible que nous avions besoin des autres, d’une famille, d’amis, de collègues, de sens, de relations.
Au sens strict ce virus est un révélateur. Voilà, nous aussi nous sommes en train de vivre un temps de révélation.
Qu’allons-nous faire de tout ce qui a disparu ? Qu’allons-nous faire de tout ce qui apparaît dans nos vies ? Aujourd’hui cette question me semble cruciale…Demeurer présents au dévoilement.
Merci pour votre présence,
bonne fin de shabbat
Marie-Laure

Comments Closed