Cher Noé, cher Jonas (17)

Cher Noé, cher Jonas,

J’espère que vous allez bien. Aujourd’hui cela fait 21 jours, le temps d’une cure, d’un traitement,…Oui, il y a une forme de soin à ce que l’on vit. Nous repartons pour au moins une cure de plus, un temps de plus pour travailler en profondeur. Quelque chose dans l’atmosphère a changé, comme si nous avions moins peur. Peut-on s’habituer à la catastrophe ? L’être humain est le plus adaptable de tous les mammifères, il est le moins programmé, le moins obéissant à ses habitudes, à sa mémoire. Michel Serres avait l’habitude de dire que c’est précisément cela qui définissait l’être humain. Cette capacité à être plus que lui-même mais à l’être parce qu’en ayant la capacité de désobéir à ce qui était programmé pour lui. L’être humain est donc adaptable, modulable, inventif,…Il peut vivre dans une fusée, un sous-marin, un arbre, un igloo, passer des heures dans un avion ou un canoé-kayak, une cellule, une arche ou un gros poisson et faire quelque chose d’intéressant de sa vie. Nous nous habituons à cette nouvelle vie même si c’est dur, avec des grands moments de ras-le-bol. Nous avons mis de la distance, nous ne nous faisons plus la bise, nous sommes obéissants aux consignes et désobéissants à nos habitudes. Demain nous porterons des masques et nous nous y habituerons. L’être humain est incroyable dans ce qu’il accepte, ce à quoi il se soumet de lui-même. C’est peut-être là la clé. Ce « se » qui change tout. « Se » soumettre, « se » raisonner, « se » contrôler, « se » rassurer, « se » calmer, « se » confiner. C’est ce petit mot de deux lettres qui fait que l’être humain est libre de choisir la vie et celle des autres. Je suis heureuse de ces deux lettres que nous partageons et qui font que chaque personne participe à son existence.
Je vous embrasse,
A bientôt
Marie-Laure

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