Cher Noé, cher Jonas (19)

Cher Noé, cher Jonas

Ce soir, c’est un grand jour. C’est le premier soir de Pessah, la fête juive qui raconte la sortie d’Egypte, qui permet de la vivre. Bonne fête de Pessah ! C’est le premier moment de festivité de la semaine. Fêter la sortie d’Egypte, fêter la fin de la servitude imposée par Pharaon au moment même où il n’est pas possible ni de sortir de chez soi, ni d’être délivrés du confinement, voilà une situation exceptionnelle. Mais le rituel oblige toujours à être inventif, le rituel demande à être interprété pour en vivre. Alors ce soir, c’est quand même la sortie d’Egypte, ce soir Dieu nous fait sortir de la servitude dans laquelle nous sommes enfermés. En hébreu, le mot pour dire Egypte, est construit sur une racine qui signifie « étroit ». Être en Egypte, c’est être à l’étroit quelque part et ne pas pouvoir en sortir, ne pas pouvoir élargir, espacer, donner de l’air. Ce virus est une Egypte à lui tout seul puisqu’il empêche certaines personnes de respirer. Respirer, c’est donc l’inverse de l’Egypte et Pessah, cela pourrait être ce moment où il nous est proposé de ne plus être coincés dans telle ou telle situation mais, au contraire, de prendre le large. En ce sens, Pessah, ce soir, est quelque chose de possible. Nous sommes tous coincés à un endroit de notre histoire ou de notre personnalité, à l’étroit dans un conditionnement que nous répétons encore et encore quand une situation se présente. Il n’y a pas donc pas besoin d’être confiné pour être en Egypte. Et nous sommes la plupart du temps notre propre Pharaon.
Ce soir, c’est la nuit où nous pouvons désobéir à notre étroitesse. Nous pouvons le faire ensemble. C’est une nuit pour désobéir à ce qui nous oppresse et choisir de lever le camp pour aller s’installer ailleurs, de l’autre côté de la mer pour être sûr de ne pas retomber, de ne pas faire demi-tour, de ne pas être rattrapés , de ne pas participer à notre rétrécissement.
Ce soir, c’est la nuit d’un choix,
Bon Pessah à vous,
à bientôt
Marie-Laure

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