Cher Noé, cher Jonas

Cher Noé, cher Jonas,
Nous y voilà. C’est Pâques. Nous allons sortir de quarantaine ! Il nous restera à gérer un confinement. Il fait soleil, les personnes à leur balcon dans l’immeuble d’en face me font penser à des personnes profitant de leur croisière sur un paquebot. Les cloches ne sont pas passées et n’ont pas laissé d’oeufs. C’est dommage car on n’en manque.
Pâques est la fête d’un tombeau trouvé vide. Le corps a disparu. L’histoire qui a bouleversé une grande partie du monde ressemble au début d’un polar. Il aurait été possible de se démener pour trouver des coupables, élaborer des pistes de recherche, faire des analyses scientifiques pour rechercher des indices, interroger des témoins, visionner les caméras de vidéo-surveillance et élaborer un communiqué pour la presse. Mais tout cela aurait été vain. « Le corps a disparu » n’est pas une affirmation policière, scientifique, politique. C’est un constat spirituel. Spirituel, le terme vient de « respirer ». La disparition du corps est une possibilité offerte pour respirer. L’événement nous dit que la mort ne prendra plus toute la place, que ceux qui partent autorisent les vivants à un avenir. L’événement explicite qu’il n’y a pas à relancer la machine en cherchant des coupables. La place est libre pour faire autre chose que se venger ou faire repartir la logique de la haine et du reproche. L’événement nous dit que personne ne sera plus propriétaire du corps. Pas de corps, pas de relique. Le tombeau vide laisse désemparés tous ceux qui voulaient mettre le grappin sur l’histoire de cet homme. Le tombeau est vide, la vie peut reprendre, neuve, forte, différente. Cet espace vide est un cadeau précieux qui met tout le monde à égalité face à l’événement. L’espace libéré rend à chacun sa liberté, son pouvoir de croire, d’agir et d’inventer d’autres façons de vivre.
Joyeuses Pâques
Marie-Laure

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