Cher Noé, cher Jonas (35)

Cher Noé, cher Jonas,
Cher vous deux. Aujourd’hui J39, c’est le début du Ramadan. Heureusement que nous n’avons pas tous les mêmes croyances. Il y aurait des vides d’intensité pour monter vers le Haut. Les prières se succèdent et maintiennent une continuité dans l’humanité.
L’ambiance dans l’Arche est aux réflexions économiques. Des personnes s’inquiètent pour leur vie future, ce qu’elles vont manger, de quoi elles vont se vêtir…D’autres ont sorti leur calculette et passent leur journée à taper dessus. Heureusement qu’elles n’ont pas le gouvernail de l’Arche, nous serions tous passés par dessus bord à la suite d’une fausse manœuvre. Dans le contexte, on demande leurs avis aux économistes : « Messieurs (rarement Mesdames…), quelles sont vos prévisions ? Que pensez-vous de la situation ? Faut-il s’inquiéter ? Comment sera le monde de l’après-confinement ? ». Tout cela me fait penser qu’on ne pose jamais la question aux théologiens. Ce serait pourtant intéressant de leur donner la parole pour qu’ils nous parlent du monde qu’ils souhaiteraient ou ne souhaiteraient plus. L’exercice est compliqué, casse-gueule, une occasion d’attraper des problèmes que l’on aurait pu s’éviter. Je me demande ce que je dirais si la question m’était posée. Michel Serres disait que nous vivions une époque où toutes les institutions étaient en crise, que toutes elles pouvaient mettre un panneau « fermé pour cause d’inventaire » ou disparaître, inadaptées au monde actuel. Cette idée m’a toujours plu. Je la trouve très juste. Nos institutions sont nées dans une autre époque, une époque où nos « je » n’étaient pas adultes. Aujourd’hui nous détestons être infantilisés, nous ne voulons plus qu’on nous mente ou qu’on nous réserve le rôle de spectateurs. Nous souhaitons participer, prendre notre part et jouer un rôle dans ce qui nous arrive. « Nihil de nobis, Sine nobis » ou en latin moderne « Nothing about us, whitout us » ou encore en français « Si c’est à notre sujet, ne le faites pas sans nous ». Je crois que ce serait ma première réponse. Démonter les institutions pour les remonter en faisant de leurs membres de vrais partenaires et non plus des spectateurs. Comme je ne suis pas économiste, je vous le dis à vous. Je ne sais pas combien coûte ma proposition mais c’est ma (première) contribution au monde à venir.
Je vous embrasse bon week-end, bon début de ramadan et shabbat shalom,
Marie-Laure

Comments Closed