Cher Noé, cher Jonas (38)

Cher Noé, cher Jonas,

Un lundi reste un lundi, confiné ou non. Les reprises sont toujours difficiles. Celle qui nous attend n’échappera pas à la règle. Je continue à réfléchir à la question de l’avenir et à la participation des théologiens à cette élaboration collective. Mon premier point concernait le fait que les institutions n’étaient plus adaptées à des personnes devenues des individus capables de participer à ce qui les concerne. J’aime cette idée. Elle me donne envie de sortir de l’Arche. La principale difficulté vient de toutes les tentatives déjà ratées, les faux-nouveaux départs, les désillusions et les naufrages. Le plus dur c’est de voir quel serait un monde différent. Nous savons que ces institutions ont fait leur temps, qu’elles ne génèrent que de la reproduction. Or quand le monde change aussi vite qu’en ce moment, il s’agit de bifurquer. De désobéir aux idées qui ont eu un grand succès dans le passé car elles correspondaient au monde d’alors. Qu’est-ce que les individus que nous sommes (confinés ou non) attendent d’une institution ? Qu’attend un individu pour être prêt à s’engager, à coopérer, à partager un peu de sa vie ? Chacun peut répondre à cette question. Pour ma part, je crois que désormais nous attendons de la cohérence entre ce qui est annoncé et ce qui est vécu, cohérence dans les différents principes. Nous n’avons pas besoin de gens parfaits ou qui font semblant de l’être. Nous n’avons pas besoin d’un discours idéal qui n’est pas incarné. Nous n’avons pas besoin de certitudes indéboulonnables. Nous sommes trop adultes pour cela. Nous n’avons pas besoin d’une cohérence qui ne soit que de la théorie. Nous avons besoin d’éclairer le chemin sur lequel nous avançons. Nous avons besoin de nous repérer dans ce monde, de tirer des conséquences de nos échecs, de comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne marche pas. De pouvoir admirer, de donner de la valeur aux choses et aux actes. En fait, nous avons soif de comprendre et cela n’est possible qu’avec de la cohérence.
Je vous embrasse
Marie-Laure

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