Ouvert à tous!

Trop de personnes croient encore que faire du sens en lisant la Bible n’est réservé qu’aux personnes particulièrement savantes et pieuses ou hiérarchiquement autorisées. En lisant un livre de Gilbert Dahan, je suis tombée sur la traduction d’un passage de Henri de Gand, théologien et philosophe du 13es. Ce passage incite d’abord les théologiens puis, sous l’impulsion d’Origène, tout chrétien à faire du nouveau en donnant d’eux-mêmes. Le génie est accessible à chacun à partir du moment où le lecteur puise dans son intériorité. C’est encourageant, il ne nous reste plus qu’à nous y mettre! Au travail!

« De même que les Apôtres ont expliqué les Écritures que le Christ n’avait pas expliquées, selon le modèle de ce qu’il avait expliqué, de même les docteurs catholiques doivent expliquer ce que ni le Christ ni les Apôtres n’ont expliqué, selon le modèle de leur explication, sans se contenter des explications anciennes, et cela jusqu’à la fin du monde. C’est pour cela qu’Origène sur le chapitre XXVI de la Genèse…dit :
« Essayons de faire ce que la sagesse nous enjoint quand elle dit: « Bois l’eau de tes sources et de tes puits et possède en propre ta fontaine » (Pr 5,18 et18).
Toi aussi, qui m’écoutes, essaie de posséder ton propre puits et ta propre fontaine, pour qu’au moment où tu prendras le livre des Écritures, tu commences à proposer une explication venue de ta propre intelligence et, selon ce que tu as appris à l’église, toi aussi tu essaies de boire à la fontaine de ton propre génie. Il y a en toi, naturellement une eau vive: des canaux permanents, des ruisseaux courants, ce sont tes capacités rationnelles, si du moins elles ne sont pas recouvertes par la terre. Efforce-toi de creuser la terre, nettoie ses immondices, c’est-à-dire ôte la paresse de ton esprit et secoue la torpeur de ton cœur… »
C’est pour cela que Zénon dit « Jusqu’à quand dépendras-tu d’autrui? Produis quelque chose de toi-même ». D’où Boèce, dans L’enseignement scolaire: « C’est le propre d’un esprit misérable que de recourir toujours à ce qui a été déjà trouvé et de ne jamais rien trouver par lui-même. »
Gilbert Dahan, Lire la Bible au Moyen Age, Essais d’herméneutique médiévale, Droz, p.29-30, 2009.