Travail d’interprétation….

On ne peut pas préméditer les plans d’une maison que l’on retape. C’est impossible. Il faudra faire avec des recoins, des plafonds trop bas ou trop haut, des murs incompréhensibles et des poutres qui ne semblent avoir demandé à personne pour occuper l’espace. La maison est là et il faut s’adapter, en découpant des meubles pour le vide qui reste, en imaginant comment continuer à bâtir et construire avec une structure qui se moque des projets architecturaux préexistants. On ne fait pas dire à une vieille maison ce qu’on voudrait qu’elle dise. On se frai un chemin à travers ses lignes, son caractère et ses détails.
L’architecte sait ce que le commentateur ignore parfois : le texte de la Bible ne peut se laisser manier avec facilité. Un sens littéral y préexiste qui dit les grandes lignes et y montre les fils à plomb de l’histoire ou de la pensée qui y est à l’œuvre. Des murs porteurs ne pourront être abattus sous peine d’effondrer le texte, des fenêtres ne pourront être bouchées à moins d’obstruer la lumière que le texte renvoie. Alors, il reste au lecteur à faire preuve d’imagination, à créer sur des détails, à prendre appui sur le recoin de l’expression suspecte, à combler les vides de meubles personnels en inventant l’arrière-fond nécessaire à l’appropriation du texte.
Il nous faut donc occuper le texte comme l’on prend possession d’une vieille bicoque: à coup d’intelligence et d’imagination. L’aviser, se confronter à lui, l’habiter en le respectant, se sentir chez soi. Là encore, de la sueur et de la présence. La lecture ne se fera pas seule. Il n’est pas trop de penser que le cachet vient de cette résistance: celle du texte face au lecteur, celle du lecteur face au texte. Finalement un très beau couple.