Cher Noé, cher Jonas (22)

Cher Noé, cher Jonas

J26. Nuit 26 ou nuit 27 tout dépend du décompte. La nuit de tous les changements, la nuit pascale. Jésus, qui s’est fait arrêté à cause de sa liberté et du caractère subversif de son attitude, a fini par en mourir. L’alliance du pouvoir religieux et politique est arrivée à avoir sa peau. Le système établi et le on-fait-comme-d’habitude-et-surtout-on-ne-change-rien ont gagné la partie. Jésus est mort d’avoir cherché à vivre en contournant un règlement intérieur trop peu humain, trop peu spirituel à son goût, d’avoir rencontré trop de petits chefs aux plus hautes places. Les systèmes n’aiment pas les questions, ni les questionneurs. Mis au tombeau par les soignants de l’époque, il ne peut logiquement plus nuire. Tout cela sera bientôt de l’histoire ancienne, un petit agitateur de plus qui a fini de faire le malin. Logiquement. Mais cette nuit n’est pas logique. Ce qui se passe dans le tombeau montre que l’étroitesse n’a pas le dernier mot. En cela il fallait que sa mort soit le jour de la Pâque juive. Cette nuit contredit la mort mais également tout ce qu’il y mène : la jalousie, la peur, l’angoisse des tenants du système, la délation, la trahison, l’enfermement religieux, l’abus du pouvoir politique, la lâcheté. La résurrection ne vient pas juste délivrer de la mort quelqu’un d’exceptionnel. Non. Elle annonce quelque chose qui concerne tout le monde. Ce qui se passe cette nuit dans l’obscurité du tombeau vient contredire tous les systèmes qui pensent mettre la main sur Dieu et sur la liberté des gens. La résurrection montre au grand jour que Jésus a eu raison d’avoir la vie qu’il a eu, de guérir les gens sans autorisation, de les aimer sans frontière, de leur pardonner sans condition, de les rencontrer sans limite, de les croire sans vérifier, de leur faire confiance sans attendre, de les libérer sans caution, de les accompagner sans cotisation, de les nourrir sans ticket, de leur parler de Dieu sans haine, d’annoncer le Royaume sans peur, d’être lui sans fausseté et d’inciter ses disciples à faire de même. C’est tout cela qui devient vrai et juste dans cette nuit de Pâques. C’est ce style de vie qui est reconnu comme celui qui plaît à Dieu, même hors piste, même hors tradition.
Il a été tué. Il n’est plus aux mains de la mort. N’y retombons pas !
Je vous embrasse
Marie-Laure

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