Cher Noé, cher Jonas (29)

Mis en avant

Cher Noé, cher Jonas

Shabbat Shalom. J 33 de notre confinement. 33. Dites 33. C’est d’actualité. Nous sommes maintenant rentrés dans une drôle de période. Nous contemplons difficilement au présent. Ayant été autorisés à envisager le futur, nous voilà coincés au milieu de la falaise. J33 ou J -22 ? Aujourd’hui, il me semble que je crains ce que je perçois. Je crains que nous soyons déçus et que les jours qui suivront notre autorisation permanente de sortie soient décevants. Je crains les divisions qui menacent. Les « anciens » (c’est le nouveau terme!) l’ont perçu qui ne veulent pas rester à la maison, en arrière, en retrait, cachés, confinés. Je crains le racisme envers les non-masqués…En fait, je nous crains…C’est la violence qui a fait que Noé, tu as passé des semaines entières confinés et je crains celle qui nous attend à la sortie, quand la vie redeviendra normale. Enfin non. Semi-normale ? Non, non plus. Cette semaine j’ai entendu quelqu’un dire qu’il était choqué par cette expression de « vie normale ». Il disait : « il n’y a pas une vie normale et une vie pas normale. Il y a la vie, non ? » Cette remarque m’a interpellée. Il a raison. Il y a notre vie et aucun mode d’emploi ne précise qu’elle doit être comme ceci ou comme cela. Il n’y a pas de SAV vers lequel nous pourrions nous retourner pour protester. Rien n’est jamais normal dans notre vie. La normalité est une affaire de statistiques, de mémoire. Oui, statistiquement il y avait peu de chance que la moitié de l’humanité soit enfermée au même moment. Mais la vie est une. Cette vie confinée est la vie. C’est notre vie. La vie d’avant ne s’est pas arrêtée. Elle n’est pas en train d’attendre qu’on la réactive, elle n’est pas en veille quelque part dans un espace temps différent. C’est la vie d’avant qui a évolué et qui est devenue la vie que nous connaissons ce samedi. Aujourd’hui, notre vie « normale » consiste à être confinés ou à être réquisitionnés pour travailler. Dans 22 jours, elle consistera à vivre pleinement les nouveautés que nous découvrirons…
Sur ce, je vous fais la bise !
À bientôt
Marie-Laure